Rapport de la délégation espagnole sur le détachement de travail de la mine Marie à Atzendorf (dépendant du camp principal de Quedlinburg)¹.

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Détachement de travail de la mine Marie à Atzendorf (province de Saxe)

Dépendance du camp de Quedlinburg

Visite du 17 janvier 1917

Nombre de prisonniers
Français......................39
Russes..........................28
Au total........................67 prisonniers

Ces prisonniers dont bien logés dans 5 pièces d'un bâtiment construit en pierre, planchéité, suffisamment aéré et éclairé le jour et la nuit. L'éclairage à l'acétylène et au pétrole; les prisonniers couchent sur des lits en bois, déjà décrits; ces lits sont placés sur deux étages; les prisonniers ont à leur disposition, dans chaque dortoir, un seau pour leur toilette et un autre pour les besoins de la nuit, des bancs, des tables et un poêle.

L'eau servant à l'alimentation est potable; il existe une installation de douches que tous les hommes utilisent en quittant le travail de la mine; on leur donne du savon, mais ils peuvent à peine s'en servir parce qu'il ne se dissout pas dans l'eau. Les prisonniers payent le blanchissage de leur linge, car leurs vêtements de travail sont lavés au compte de la compagnie et cependant, on leur rend dans le même état qu'ils étaient quand ils les ont donnés, ainsi que me l'on fait voir les prisonniers. Les effets ne sont pas désinfectés et les hommes disent qu'ils ont beaucoup de puces.

Les dimanches, les prisonniers sont autorisés à aller entendre la messe et à se promener dans la cour pendant les heures libres de la journée.

Les hommes de lèvent à 4 heures et demie; à 5 heures et demie, ils partent et commencent à travailler à 6 heures, après avoir mangé la première soupe; à 10 heures, le travail est suspendu et il leur est servi un morceau de pain avec du saucisson; ils se remettent au travail jusqu'à 15 heures, moment où ils quittent la mine. A 17 heures, ils mangent une deuxième soupe et une troisième à 19 heures. Ils touchent 500 grammes de pain par jour, trois fois par semaine de la viande de conserve et 2 litres de café par jour.

Tous les prisonniers ont une assiette, une cuiller et des casseroles en fer et porcelaine pour faire la cuisine sur les poêles qui sont toujours allumés. La cantine est pauvrement assortie en comestibles, mais le tabac, les cigarettes et la limonade y abondent. Les hommes sont autorisés à faire des achats en dehors du détachement, et alors ils peuvent sortir et se promener dans les environs. Le biscuit arrive avec régularité et il en est accusé réception.

Tous les prisonniers sont bien vêtus; ils conservent leur uniforme, leur capote et ont une " cazadora", un pantalon, un gilet, 3 chemises, un chapeau, et une paire de bottes. Le linge de dessous est leur propriété. Dans chaque habitation existe une série d'armoires en fer fermant à clé, où de nombreux prisonniers peuvent conserver leurs effet; les autres prisonniers mettent les leurs dans des caisses. La réparation des chaussures est faite par un cordonnier civil, mais les frais sont supportés par la compagnie. Les hommes portent à leur casquette, sur la poitrine et au pantalon, les numéros et marques d'usage.

Il y a 7 malades: 4 Français et 3 Russes. Les Français souffrent: l'un d'une blessure contuse du pouce, l'autre d'une contusion au côté (il est alité), occasionnée par un wagonnet, et il y a un cas de bronchite chronique avec eczéma facial.

Les prisonniers disent qu'actuellement ils ne sont pas brutalisés, que le sergent les traite bien et est très compatissant à leur égard: c'est l'impression qu'il m'a produite; mais auparavant, les hommes étaient roués de coups et brutalisés par son prédécesseur, qui, pour le moindre motif, les privait de nourriture et les faisait rester de planton, dans la position du garde-à-vous, pendant une ou deux heures. Jamais la correspondance n'a été supprimée aux prisonniers.

Le travail est rémunéré; les salaires journaliers varient de 80 à 160 pfennigs au maximum, mais pour cela il est nécessaire que chaque prisonnier charge 53 wagonnets par jour; ils touchent 3 pfennigs par wagonnet. Le salaire moyen est de 1M. 5 pfennigs.

Les prisonniers n'ont pas de livres à leur disposition; ils se distraient en lisant la Gazette des Ardennes et en jouant aux cartes.

Les lettres parviennent avec un retard de vingt à vingt-cinq jours et les colis subissent encore plus de retard.

Presque tous les hommes de ce détachement sont nécessiteux et ne désirent pas d'argent.

Les prisonniers se plaignent de ce que la direction de la mine les prive quelquefois d'une soupe, parce qu'ils ne travaillent pas comme les Allemands le désirent: cela n'est pas leur faute, mais provient de ce que les wagons manquent ou de ce que les couches du filon carbonifère où ils travaillent sont très dures.

Impression bonne.

La visite a eu lieu le 17 janvier 1917, en compagnie d'un officier allemand, l'entretien avec les prisonniers s'est fait sans témoin.

Sources

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¹ Rapport des Délégués du Gourvenement Espagnol sur leurs visites dans les camps des Prisonniers Français en Allemagne 1914-1917, Librairie Hachette, Paris, 1918, pages 291 et 292