Rapport de M.M Dr A. von SCHULTHESS et F.THORMEYER

séparation Le rapport de 1916

"Quedlinburg"
26 avril 1916

Commandant: Général von Gelden-Crispendorf

Le camp de Quedlinburg, construit à 4 kilomètres de la ville, dans une contrée fertile, peut contenir 12 000 hommes.
Il s'y trouve actuellement environ 4 600 prisonniers, Russes, Français et un petit nombre d'Anglais.Du haut de la tour de garde, on embrasse la vue entière du camp, divisé en 4 sections ayant chacune sa cuisine et ses services.

Logements - Les baraques sont grandes et claires, construites en bois avec double paroi et revêtement de papier goudronné. Le plafond intérieur est revêtu de papier à l'amiante. Eclairage électrique. Chauffage par poëles. Une chambrée spéciale est réservée aux sous-officiers.

Couchage - Tréteaux à deux étages avec paillasses et couvertures. La disposition des lits laisse un grand espace libre où sont disposés des bancs et des tables.

Nourriture - Les cuisines sont grandes et bien tenues. Une vaste boulangerie est en construction. Tout le matériel est en bon état et très propre. L'eau vient de puits, et est pompée dans un grand réservoir d'où elle est distribuée dans le camp. Il y a de nombreuses bouches à eau.

Hygiène - Les salles de bains, les douches, les salle de désinfection sont en bon état et fonctionnent régulièrement. 2 000 hommes peuvent passer par jour à la désinfection. De petits lavoirs couverts servent pour le lavage des petits effets. Une grande et belle buanderie est desservie par les prisonniers. Les latrines sont en bon état.

Service médical - Le lazaret comprend 8 baraques pour maladies infectieuses, inoccupées actuellement, et 3 baraques pour les maladies ordinaires. Ces baraques, claires et spacieuses, contiennent des lits séparés avec bonne literie. Il y avait lors de notre visite 158 malades. 7 cas de trachome. Le service est fait par les médecins allemands et 5 médecins russes. La cuisine du lazaret est bonne et la nourriture abondante et soignée. Dans la section épidémique, un guichet spécial relié à des rails permet de faire la distribution des vivres sans compromettre l'isolation. Un troupeau de dix chèvres est entretenu constamment pour fournir du lait aux malades.

Travail - Les tailleurs et les cordonniers reçoivent de 30 à 50 pfennig par jour. Les ateliers sont bien tenus. Le domaine agricole du camp occupe un certain nombre de prisonniers.

Récréations - Une vaste baraque sert de théâtre. Il s'y donne chaque dimanche des concerts ou des représentations. La bibliothèque et l'école fonctionnent bien. Les prisonniers français publient une gazette intitulée "Le Tuyau". Tous ces services, ainsi que ceux de la poste, sont confiés à des intellectuels.

Correspondance - Aucune plainte relative à l'expédition et à la distribution des lettres et des paquets. Les colis postaux atteignent le chiffre de 34 000 par mois. De grands camions les amènenent journellement de la gare.

Service religieux - Un prêtre russe et deux curés célèbrent régulièrement les offices dans des chapelles très convenables.

Le cimetière est proprement entretenu. Une croix en fer avec inscription surmonte chaque tombe. On voit beaucoup de fleurs et de couronnes. Un monument collectif va être érigé dans le cimetière.