Rapport des délégations neutres

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Les emprisonnements de soldats en tant de guerre sont régis par des règles humanitaires dont le principe fut posé par la Déclaration de Bruxelles de 1874, puis développées à La Haye en 1899 et en 1907, et complétées par différents accords conclus pendant le déroulement même de la Grande Guerre.

Afin de contrôler la bonne application de ces règles, les camps et détachements sont visités par des délégués neutres.
On entend par là, des délégués de pays que ne sont pas en guerre.

Pour les prisonniers belges, français et roumains c'est une délégation de l'Ambassade Royale d'Espagne qui effectue les visites.

Pour les prisonniers anglais c'est une délégation de l'Ambassade des Etats-Unis qui effectue les visites. Mais à l'entrée en guerre des Etat-Unis, ce sont les Pays-Bas qui prennent le relais.

Lors des premières années de guerre, les autorités allemandes font cependant obstruction aux visites des délégations neutres. ¹
Les plaintes émises par certains prisonniers sont même punies par les autorités allemandes.²
C'est donc la Croix-rouge elle-même qui organise les visites réalisées par des inspecteurs Suisses.

Un rapport et après ?

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Chaque visite fait l'objet d'un rapport officiel, remis au gouvenement dont les prisonniers dépendent et aux autorités allemandes.
Ces dernières peuvent bien sûr commentées les observations écrites.

Suite à la réception du rapport, le Gouvernement dont dépendent les prisonniers concernés peu faire des réclamations ou des protestations.
Il envoie pour ce faire un courrier à l'Ambassade de la délégation neutre, qui joue en fait les médiateurs entre les belligérants.

Les sanctions

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Si les réclamations ou protestations ne donnent rien, le Gouvernement concerné peut prendre des mesures de réciprocité.

Par exemple les Allemands accusent le gouvernement français de punir trop sévèrement les prisonniers allemands.
La punition dite "de la cellule disciplaire" est donc durcie en Allemagne pour les prisonniers français.
Lorsque le Gouvernement Français s'en insurge, la réponse allemande parle invariablement de réciprocité.

Sources

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¹"Pour que l'oeuvre entreprise obtint un maximum d'efficacité, il fallait que le désir légitime des délégués officiels espagnols de connaître, sur le régime des prisonniers, toute la vérité, rencontrât, de la part des autorités allemandes, un bon vouloir égal à la leur laisser connaître. Il fallait que les camps de prisonniers fussent largement ouverts aux visiteurs. Il fallait que les prisonniers fussent admis à leur adresser, soit oralement, soit par écrit, toutes plaintes et réclamations de nature à orienter leurs recherches. Bien différente a été malheureusement la préoccupation du Gouvernement impérial. On verra qu'il s'est attaché - dans un intérêt hélas ! trop facile à comprendre - à limiter, à gêner, à paralyser parfois le contrôle des délégués officiels. Telle est la cause unique des lacunes qui frapperont le lecteur attentif, dans l'étude des rapports qui vont suivre."
Rapport des Délégués du Gourvenement Espagnol sur leurs visites dans les camps des Prisonniers Français en Allemagne 1914-1917, Librairie Hachette, Paris, 1918, page 12

²Exemple à Zerbst, le 24 mai 1917, "Les prisonniers se plaignent du départ de l'ancien président du Comité de secours, qui a été envoyé à Quedlinburg, probablement pour avoir parlé au délégué suisse, et lui avoir fait connaître ce qui se passait au camp" Rapport des Délégués du Gourvenement Espagnol sur leurs visites dans les camps des Prisonniers Français en Allemagne 1914-1917, Librairie Hachette, Paris, 1918, page 200